Les notes ci-dessous sont un résumé de ce qui a été dit sur chaque titre, et non une retranscription complète des propos échangés.
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Paillettes toxiques et Sérum phy : Ouvrage analysant les dynamiques de pouvoir dans les relations non cis-hétéros normées, en donnant des exemples d’oppression. Il donne pas mal de billes pour repérer les problèmes dans les relations et permet d’éviter de tomber dans certains écueils. C’est également un livre difficile à lire car il implique de nous remettre en question sur notre façon de faire, on a toutes et tous des mécanismes problématiques. Mieux vaut le lire à plusieurs, pour faire du soin en même temps. C’est un ouvrage écrit suite à des ateliers autour des violences conjugales dans les couples queer.
Il est téléchargeable gratuitement sur Internet.
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Normal people, Lenny Abrahamson & Hettie McDonald : Série en 12 épisodes, dans laquelle on voit deux ados grandir, se retrouver, se séparer, à partir du lycée. C’est une série très intéressante qui questionne aussi les normes dans lesquelles on est pris.
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Une vie près de la terre, Marie Gazeau : L’autrice était ingénieure. Elle décide de tout plaquer pour devenir agricultrice. Dans ce livre, elle raconte sa vie au quotidien dans sa ferme et son verger, avec une analyse féministe de ce qu’est être paysanne de nos jours. Il y a des encarts sur des points techniques. Le livre est séquencé selon les saisons. C’est passionnant et écrit simplement, elle raconte plein de petits moments. C’est un livre pour découvrir la vie paysanne de gauche. Seul bémol : elle parle un peu de la biodynamie, elle fait passer les gens qui encouragent cela pour de gentils loufoques (alors que la biodynamie est liée à l’anthroposophie, qui est une secte).
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Il est où le patron ? : Chroniques de paysannes, Les paysannes en polaire & Maud Benezit : Bande dessinée. Recueil de témoignages de femmes membres de la Confédération paysanne sur le sexisme dans le milieu agricole.
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Personne ne gagne, Jack Black : Mémoires de Jack Black, éditées par la très bonne maison d’édition Monsieur Toussaint Louverture (dont les livres sont reconnaissables à leur belle couverture). Récit d’un homme qui a vécu comme voleur aux États-Unis. La période n’est pas précisée, mais c’est probablement au 19è puisque personne ne parle de la guerre de Sécession et les voitures n’existent pas encore. Jack Black grandit dans le milieu des voleurs (au sens un peu classe du jeu de rôle) et des vagabonds vivants dans les trains (les hobos). Il parle du rapport à l’argent, à la prison, de ce que ça fait sur les gens. La prison est vraiment le point central du livre même si on ne s’en rend pas compte tout de suite. Roman extrêmement vivant, il se passe toujours quelque chose, ça va très vite, et même si c’est assez répétitif car les événements de sa vie sont semblables, c’est passionnant. On ne connaît pas la véritable identité de l’auteur, des doutes subsistent.
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Journal d’un corps, Daniel Pennac : L’auteur a tenu un journal de ses 13 à ses 80 ans, qu’il a donné à sa fille avant sa mort.
Ce n’est pas un journal intime classique, mais le journal de son corps.
C’est très intéressant, drôle, on partage certaines choses qu’il ressent et parfois, en tant que femme, on découvre des sensations qu’on ne peut pas connaître ou différemment. Comme il comptait le donner à sa fille, il a écrit des petits encarts pour elle.
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Pour un féminisme de la totalité, revue Période : Traduction ou articles originaux d’articles féministes marxistes.
Plusieurs articles intéressants : Le genre dans une perspective égalitaire date des années 70 et parle de l’analyse d’Engels sur la famille, c’est de l’anthropologie marxiste féministe. Il y a un article sur la révolution russe, abordant les points de vue de Lénine et Kollontaï. Il y a un article de Silvia Federici dans lequel elle raconte son parcours, parle du patriarcat du salaire. Un article sur le travail du sexe, aussi. Ce sont des articles intéressants car c’est de la théorie ancrée dans le réel.
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La prison est-elle obsolète ?, Angela Davis : Militante afroféministe ayant pris part au mouvement des Black Panthers, a beaucoup écrit sur la prison. Dans cet essai, elle revient sur les conséquences de l’emprisonnement et le problème des mouvements qui militent pour réformer la prison plutôt que pour l’abolir. C’est un livre parfois cru, car il y a des anecdotes de son vécu et de celui d’autres personnes qui racontent comment ça se passe dans une prison, en particulier lorsqu’on est une femme noire. Dans le dernier chapitre, elle élargit au champ du système judiciaire et de la justice, c’est très bien fait.
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Pour elles toutes, Gwenola Ricordeau : Analyse féministe de la prison, sur les femmes de prisonnier et le fait que quand on envoie un homme en prison, une femme est punie aussi : celle qui va le voir, qui va tout gérer. Elle milite pour l’abolition de la prison.
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La personne présentant a voulu lire Amours silenciées : Repenser la révolution romantique depuis les marges de Christelle Murhula. C’était un livre nul, l’autrice travaille pour Vanity Fair et Marie Claire, donc pas vraiment les marges. Féminisme très libéral. Ensuite, la personne a lu plusieurs ouvrages de Bell Hooks, notamment À propos d’amour : pour Bell Hooks, le concept d’amour majoritaire ne s’appuie sur aucune conception philosophie, mais sur la société de consommation. Elle essaye de définir ce qu’est l’amour, et analyse le fait qu’on l’apprend souvent dans le cercle familial, mais du coup ça peut inclure des violences, on va aussi l’ajuster par rapport aux tiers, à leur réaction. L’amour ne se limite pas au couple, on le retrouve aussi dans la famille, la camaraderie, etc. → ce serait donc, pour l’autrice, une modalité de rapport social. Elle en dresse les caractéristiques, aussi. Livre passionnant mais il faut quand même réussir à passer outre certains points énervants liés à la spiritualité.
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Les linges de la nuit, Madeleine Riffaud : Ouvrage paru en 1974.
L’autrice a été résistante, torturée par la Gestapo, reporter de guerre après la seconde guerre mondiale, elle s’est battue aux côtés des algériens pendant la guerre d’Algérie. Dans les années 70, un de ses amis médecin lui propose de faire un reportage sur l’état de l’hôpital. Elle raconte son immersion, en 1973, à l’AP-HP, en tant qu’ASH. Elle raconte le quotidien à l’hôpital, les manques de moyens, les moments où en tant que femme de ménage elle est amenée à faire du travail d’aide-soignante, etc. C’est saisissant de voir à quel point, en 40 ans, tout a changé et rien n’a changé en même temps, c’est glaçant. L’écriture du livre est simple et immersive. -
Que défaire ?, Nicolas Bonanni : L’auteur est co-créateur des éditions du Monde à l’envers.
Il s’attaque, dans cet ouvrage, à la centralité de l’État et à la fascination pour la technologie. Il fait un pas critique sur les mouvements révolutionnaires marxistes, en disant que ces mouvements veulent prendre le pouvoir (sur l’économie, l’industrie) sans en changer le sens. Ce qui est moins bien, c’est la critique du techno-capitalisme : la technologie n’est jamais définie et certaines analyses semblent fausses. Par exemple, il dit que l’évolution technologique serait le moteur pour les marxistes, or, il s’agit de la lutte des classes. Pas ultra-convaincu par l’ensemble de l’ouvrage, mais le pas de côté et la critique du pouvoir sont intéressantes. -
Élise et les nouveaux partisans, Dominique Grange & Tardi : Bande dessinée.
Nous suivons la vie d’Élise, jeune musicienne montée à Paris qui va se politiser auprès des groupes maoïstes, dans les années 60-70. C’est une sorte d’autobiographie de la vie de Dominique Grange. C’est passionnant car ça montre l’histoire de mouvements politiques et militants des années 60-70 que l’on connaît peu, et la BD nous plonge vraiment dans l’ambiance de ce milieu à l’époque, très différent de maintenant : le bouillonnement politique était plus vaste, on voit que ça bouge beaucoup et parfois très violemment. Cette BD est dense mais se lit bien, le style de dessin est celui de Tardi : en noir & blanc, on aime ou on aime pas ! -
L’insoutenable légèreté de l’être, Milan Kundera : “Roman”.
La personne présentant ce livre a lu des extraits pour nous donner une idée, car c’est plus facile que de résumer cet ovni littéraire. Le style est très intéressant, frappant. Le côté faux roman est marrant. Le contenu politique et philosophique est passionnant. C’est très nietzschéen et individualiste.