Suite aux perquisitions menées mardi 26 novembre par 350 policiers et gendarmes dans l’agglomération et à la ZAD de Roybon, le Collectif Anti-Répression Isère publie le communiqué suivant.
Antigone est partie prenante du CAR38 et s’associe donc à ce communiqué.
“Mardi 26 novembre, à partir de six heures du matin, six lieux alternatifs de Grenoble et ses alentours se sont fait perquisitionner. ZAD, squat ou colocation, personne n’a été épargné.
Le prétexte officiel est d’enquêter sur les incendies qui se produisent dans le département depuis deux ans. Une fois de plus, ce sont les milieux autonomes, libertaires, féministes ou écologistes qui sont visés.
Lors de la plupart des perquisitions, la police ou la gendarmerie n’a pas voulu fournir la commission rogatoire justifiant leurs intrusions. Il n’a pas non plus été toujours possible d’être témoin de la perquisition. Tout ceci est évidemment contraire aux lois de notre soi-disant « Etat de droit ». Le matériel informatique (ordinateurs, téléphones, imprimantes) a été systématiquement saisi privant les personnes visées de moyens de communication sans aucune justification.
En plus de la confiscation de matériel, des prélèvements ADN systématiques ont été effectués, sur les personnes ou leurs effets personnels en cas de refus de leur part. La volonté d’intimidation, qui semble être la seule motivation de ce fichage généralisé, ne peut que nous inquiéter. Si les autorités possèdent des informations sur les incendies sensés justifier ces interventions, pourquoi viser autant de personnes dans autant de lieux différents ?
Enfin, des vérifications d’identité ont été pratiquées. Dans ces lieux de solidarité, les personnes sans-papier ont été arrêté·e·s et envoyé·e·s en centre de rétention administrative (CRA). Ce n’est pas la première fois qu’une opération policière visant ce genre de lieux sert de prétexte à une chasse aux réfugié·e·s. Certaines arrestations ont même été effectuées dans des camps de fortune aux alentours des lieux perquisitionnés.
Difficile de faire le lien entre ces gens et les incendies justifiant l’opération policière. Au total, plus d’une dizaine de personnes ont été embarquées. A ce jour, nous sommes toujours sans nouvelles de certaines de ces personnes, ne sachant pas dans quel CRA elles ont été enfermées ou si elles ont été remises à la rue. Plutôt que de respecter le droit d’asile et d’accueillir dignement ces personnes venues chercher refuge chez nous, l’état préfère les enfermer dans des CRA avant de les expulser.
Tout ceci intervient dans un contexte de répression généralisé et de colère sociale. Les dernières années ont été marquées par une escalade de la violence répressive visant les mouvements sociaux, de la « loi travail » à la ZAD en passant par le mouvement des gilets jaunes. Ces techniques violentes et autoritaires, longtemps invisibilisées car elles ne touchaient que les « quartiers populaires », semblent maintenant être la réponse systématique de l’état à toute contestation politique et à toute volonté de ne pas se conformer à la norme dominante.
Cette intervention arrive au moment où se forme un large mouvement de protestation pour défendre le système des retraites et une colère générale secoue les milieux étudiants et hospitaliers.
Les autorités n’ont pas tardé à communiquer, des articles sont sortis dans la presse dans la matinée. L’empressement pour se vanter d’une opération visant des lieux de contestation ou d’expérimentation politique, sans justifier de lien avec le prétexte des incendies, nous montre une volonté d’intimidation de la population.
Le collectif anti-répression 38 condamne ces actions illégales. Nous affichons notre soutien aux victimes de cette tentative d’intimidation de l’Etat.
Face à la volonté de l’Etat d’isoler chaque individu·e par la peur, réagissons de façon collective et solidaire. Nous réaffirmons notre volonté d’aider toutes celles et tous ceux qui subissent la dérive répressive et autoritaire de l’état.
L’équipe du CAR 38”