Groupe de travail “Joie militante”

Quand :
5 décembre 2023 @ 18 h 30 min – 22 h 00 min
2023-12-05T18:30:00+01:00
2023-12-05T22:00:00+01:00
Nous sommes un groupe de personnes intéressées par le livre Joie Militante, de Carla Bergman et Nick Montgomery.
La joie est ici entendue comme un processus de transformation de notre capacité à agir sur le monde et à le laisser nous changer. 

Nous nous réunissons pour échanger, à partir de ce livre contenant plusieurs perspectives, et d’autres textes connexes, sur le militantisme en général et notamment les et nos tendances collectives et individuelles au sein des milieux militants ; sur ce que le militantisme fait de nous, sur ce qui nous donne de la force, ce qui nous transforme, sur nos façons de lutter…

 

“Avec d’autres, qui aspiraient à mettre à mal les dominations systémiques – celles et ceux en qui je me reconnaissais davantage -, je n’en finissais plus de ressentir de la déception, de la frustration. Il me semblait que la plupart du temps, notre difficulté à agir sur les oppressions nous amenait à rejeter a priori toute forme de puissance politique, collective et individuelle, pour préférer l’assimiler à la domination. Cela pouvait aussi facilement nous mener vers une sorte de micropolitique des interactions personnelles, aux réflexes de comptable, une traque infinie des comportements dominants – reposant sur l’illusion qu’un milieu safe est possible – et la mobilisation du discours anti-oppressif à des fins de contrôle. Par réaction au reste du milieu militant et des organisations politiques, qui continuent de protéger voire de légitimer les agresseur-ses, une justice de milieu punitive et aux logiques individualisantes pouvait aussi se mettre en place.

 

Que secrètent ces tendances ? Quantité de biles et d’affects toxiques, qui empêchent le mouvement, et entretiennent un état continu de peur, d’anxiété ou de colère. C’est le savoir tacite, tiré de l’expérience, qu’une nouvelle amitié/camaraderie court toujours le risque d’une rupture violente et le fait de surveiller sans relâche ce qui pourrait la provoquer ; c’est la honte ou la culpabilité de ne faire ou de n’être jamais “assez” (radical-e, informé-e, politisé-e, déconstruit-e) et le sentiment d’infériorité qui en découle ; c’est le malaise voire le dégoût devant l’emploi de certains mots, certaines attitudes des néophytes, dont on sait qu’elles doivent impérativement être proscrites pour maintenir l’appartenance au milieu. C’est ainsi, logiquement, l’incapacité à se réjouir lorsque de nouvelles formes de luttes apparaissent, et le fait de tout trouver défectueux, erroné ; ou bien c’est le fait d’être sommé-e de se positionner d’emblée dans un conflit et d’avoir à choisir entre deux récits politiques présentés comme fondamentalement rivaux. C’est, enfin, l’impossibilité de tenir dans l’ambivalence, de faire leur place aux contradictions inhérentes à tout processus de transformation, ainsi que l’incapacité à prendre le temps du cheminement.